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Apilab, la bio surveillance apicole

La loi sur l’Air et l’utilisation rationnelle de l’énergie (loi LAURE) du 30 décembre 1996 donne le droit « à chacun de respirer un air qui ne nuise pas à sa santé ». Elle rend ainsi obligatoire la surveillance de l’air, la définition d’objectifs de qualité et l’information du public.

Intégrer aux politiques de développement durable le diagnostic environnemental grâce à l’abeille.

Cette loi a aussi donné à M.Benjamin Poirot, docteur en biochimie, une idée dans l’ère du temps : la bio-surveillance apicole, ou l’utilisation de l’abeille comme bio indicateur de l’état environnemental d’un territoire, à destination des collectivités, des industriels et des associations, qui ont une obligation de résultats en terme de politique environnementale.

Apilab propose ainsi une solution complémentaire aux techniques traditionnelles.

Le concept de bio surveillance :

Il repose sur la faculté de certains organismes vivants à réagir à la présence d’un ou plusieurs polluants pour révéler une altération de l’environnement et en suivre son évolution.

Le principe : l’abeille butineuse voyage beaucoup, à son échelle, pour trouver du nectar. Dans un rayon pouvant aller jusqu’à 3 km autour de sa ruche, elle réalise ainsi des milliers de micro prélèvements. L‘analyse de l’abeille mais aussi de la ruche peut donner une idée précise de l’état des polluants dans l’air, l’eau et les sols, bien plus globale que les techniques traditionnelles.

L’interview :

J’ai réalisé l’interview de M.Poirot, co-fondateur d’Apilab,  par téléphone ce vendredi 14 octobre.

Qu’apportez vous de plus avec Apilab au programme « L’abeille, sentinelle de l’environnement », mis en place par l’UNAF (Union Nationale des Apiculteurs Français) ?

Ce programme est avant tout une opération de communication visant à sensibiliser le public et les municipalités à l’importance de la présence de l’abeille dans l’environnement. Il s’agit surtout de communiquer sur les méfaits de l’usage des pesticides.

Apilab n’opère pas dans le même domaine, nous proposons une expertise scientifique d’analyse de l’imprégnation de l’environnement par des polluants.  Nous pouvons intervenir en complément de cette opération mais pour en valoriser l’aspect « indicateur de performance environnementale » par des éléments scientifiques concrets.

Depuis quand existe Apilab ? Vous n’exercez qu’à La Rochelle ?

Apilab existe depuis 12 mois. Mais nous exerçons sur la filière apicole depuis plus de quatre ans maintenant. Nous travaillons effectivement avec la communauté d’agglomération de La Rochelle mais nous nous développons également à Poitiers, dans le sud de la France, et nous sommes en pourparlers avec d’autres clients potentiels. L’initiative est très bien reçue.

Qui sont vos clients ?

Les collectivités, les industriels et les associations. L’abeille en tant que bio-indicateur peut etre intégrée afin d’évaluer la performance des politiques publiques de développement durable des communautés d’agglomération, urbaines et de communes (agenda 21, PPA, PDU…). Elle peut également etre utilisée comme complément aux méthodes actuelles de détection des polluants utilisées par les bureaux d’études environnementaux sur les sites industriels.

Qu’apportez vous de plus en matière d’analyses, par rapport à ces méthodes traditionnelles ?

La biosurveillance permet de mesurer l’imprégnation de l’environnement par des polluants. C’est une méthode souvent moins coûteuse et complémentaire qui aide à l’interprétation des analyses de l’air, de l’eau et du sol.

En utilisant l’abeille comme un bio intégrateur, nous avons la possibilité de mesurer directement dans les ruches des apiculteurs, l’état de santé global de la ruche. Grace à une technologie de capteur vidéo développée avec l’INRA d’Avignon et l’université de La Rochelle, nous pouvons compter le nombre d’abeilles entrantes et sortantes de la ruche, ce qui nous donne une indication de la mortalité. (différence entre entrées et sorties) De même, nous contrôlons la taille et le poids de la ruche. Tout cela nous permet de savoir si un pic de pollution a eut lieu par exemple.

D’un autre coté, nous utilisons l’abeille comme un bio collecteur de polluant : nous analysons le corps de l’abeille, afin de déceler et identifier les traces de polluants. Cela permet d’avoir une vision plus globale de l’état de santé de l’environnement. Par exemple en analysant les abeilles, on peut déceler les traces de métaux lourds présents dans le sol et transmis aux abeilles par les plantes, alors qu’une analyse de l’air ne donnerait pas les mêmes résultats.

C’est en fait la différence entre les deux types de prestations que vous proposez : le diagnostique environnemental et la surveillance environnementale.

Oui, pour le diagnostique, l’abeille est utilisée comme bio accumulateur de polluant, nous prélevons et analysons des échantillons d’abeille pour détecter la présence de métaux lourds, dioxines, produits phytosanitaires, PCB et HAP.

La surveillance consiste à utiliser l’abeille comme outil d’alerte en cas de pollution. Cela passe donc par nos techniques d’observation du comportement d’une colonie.


La suite de l’interview page 2 !


Pensez vous que votre initiative va aider à la prolifération/ au repeuplement des colonies d’abeilles ?

Non, honnêtement ce n’est pas envisageable à notre échelle. Il y a 1,6 M de ruches en France. Nous pouvons espérer avoir l’opportunité d’en équiper un maximum mais nous ne pourrons pas initier de nouvelles cultures.

Par contre, c’est un plus, les résultats sont exploitables pour la communication autour de la protection et de l’utilité de l’abeille.

Cette initiative n’existe -t-elle qu’en France ?

Sous cette forme d’initiative privée, oui je pense. Notre démarche s’inscrit dans une démarche scientifique et c’est ce qui fait, je crois, notre différence. C’est une bonne chose d’installer des ruches sur un ou plusieurs sites en particulier, mais c’est encore mieux de pouvoir en exploiter des résultats concrets.

Pouvez vous dresser un parallèle à l’étude sur le miel parue récemment, révélant la trace de nombreux polluants ?

C’est un sujet un peu polémique, nous ne travaillons que sur l’abeille et sa cire, qui sont des matrices beaucoup plus intéressantes pour l’analyse de polluants que le miel. Il faut être prudent quant à la manière dont on communique sur ces sujets, ily a plein de légumes, fruits pollués, et cela n’alarme l’opinion publique que de manière fluctuante. De plus, publier de telle étude n’est pas profitable aux apiculteurs, dont l’activité n’est pas au mieux. C’est une histoire de quantité. Le nombre de polluants retrouvé n’est, je pense, pas supérieur à ce qui existait déjà auparavant. De plus, l’abeille sert de filtre biologique aux pesticides, si le miel est pollué il faut imaginer ce que cela donne sur la santé de l’abeille…

 

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