Consommer Durable

Les éco-quartiers, coins de ville durables

Des quartiers urbains inscrits dans un objectif de développement durable et de réduction de l’empreinte écologique, généralement associé à une implication des habitants. Le concept n’est pas nouveau mais évolue. Une influence réciproque entre acteurs de la construction sociale, économique et environnementale est nécessaire afin d’assurer le respect des points suivants :

Le label éco-quartier

Du fil à la fibre. Du quartier défavorisé à l’éco-quartier.

A Lille (Nord), le quartier des Rives de la Haute-Deule affiche sa mutation en éco-quartier. Au coeur de ce projet, l’ancienne filature Le Blan-Lafon, fermée en 1983, et aujourd’hui reconvertie, ou plutôt valorisée, en pôle d’excellence dédié aux nouvelles technologies de l’information et de la communication. L’enceinte de briques rouges compte une cinquantaine d’entreprises, et un millier de salariés. A terme, l’objectif est de consacrer 150 000m2 à ces entreprises, soit 4 fois la taille de l’ancienne filature.

Euratechnologies et sa future station de vélos en libre service

L’usine est aujourd’hui totalement réhabilitée, mais le projet est loin d’être bouclé. Tout autour, les grues s’activent, restent encore beaucoup de choses à accomplir : construction de logements HQE (Haute Qualité Environnementale), rénovation et aménagement de la voirie, pour relier intelligemment l’ancien et le nouveau quartier (d’un coté et de l’autre du bras de la Deule), développement des transports « doux » (le vélo en libre service à été lancé en septembre à Lille), le métro passe à proximité et un projet de navette fluviale est à l’étude. …

Construction de nouveaux ponts, assurant une communication directe entre ancien et nouveau quartier

L’éco-quartier, projet aux multiples défis :

L’ éco-quartier est une opération d’aménagement durable qui doit être exemplaire. Il s’agit d’une mesure phare du Ministère de l’Ecologie, un label, dont l’obtention doit garantir le respect d’un cahier des charges rigoureux.

Améliorer la qualité de vie des habitants d’un quartier tout en intégrant les problématiques sociales et environnementales du moment : le projet est d’envergure.

Aux abords du site d’Euratechnologies, la communication sur l’avancée du chantier côtoie les murs graffés de l’ancienne friche.  Entre autres choses, construction de logements HQE, valorisation des ressources naturelles, récupération des eaux de pluie, préservation de la biodiversité, etc. 

description d’un logement type aux normes HQE

Derrière le batiment, une belle touche de vert avec le jardin d’eau de 8500m2, aux multiples enjeux…

Le jardin d’eau. En arrière-plan le chantier des nouveaux logements HQE

Cécile Schleuniger, directrice des parcs et jardins de la ville de Lille, expliquait en mai 2008, : « Bassin de recueil et de stockage des eaux pluviales, son niveau varie selon les épisodes pluvieux et régule leur déversement vers le bras (de la Deule), mais son rôle est également celui d’un dépolluant (…) grâce à un choix précis de végétaux qui ont pour propriété de fixer les métaux lourds et de dégrader les polluants organiques, ce jardin est un filtre à pollution.« 

Il s’agit de phytoépuration, l’épuration par les plantes : les eaux pluviales s’écoulant des toits, et de la voirie sont acheminées dans ces bassins remplis de plantes dépolluantes. Les eaux ainsi traitées naturellement et nettoyées sont ensuite rejetées dans la Deule.

L’ensemble du complexe est bordé par le bras de la Deule. Il n’est pas rare d’y observer des Hérons, oiseau pécheur revenus en ville depuis quelques années, suite aux politiques diverses de dépollution du cours d’eau.

gris sur gris, héron et béton

La suite page 2 !

Les logements en construction arborent chacun des panneaux photovoltaiques, intègrent des technologies de ventilations performante, sont exposés plein sud, disposent également d’un dispositif de stockage et de transfert des eaux pluviales et sont construits en matériaux responsables.Points forts et points faibles :

L’intention est tout  fait conforme à la prise de conscience environnementale et au besoin de lier le local au global.

Les chantiers se poursuivent, et les engagements des débuts semblent respectés…

Utilisations de matériaux durables, donc régionaux : brique et bois, aluminium pour la performance thermique… ces batîments BBC permettront de produire 40% de l’eau chaude consommée grâce aux énergies renouvelables (des panneaux solaires coiffent chaque maison), et au final, ce type de construction ne devrait consommer que 50kW/m2/an, soit 1/4 des consommations domestiques particulières actuelles.

Thibault, 32 ans, père de deux enfants, à choisit de s’installer dans ce quartier : « J’ai eu l’opportunité d’une maison à 5 mn de mon lieu de travail. Je ne connaissait pas le quartier à part les abords de l’usine, mais j’ai immédiatement été séduit : l’accès au centre ville y est très facile, en métro, bus, vélo ou voiture. Et puis, des écoles dynamiques, une vie associative importante et résolument tournée vers la petite enfance, des espaces culturels et sportifs… Nous sommes dans un quartier en complet réaménagement, ou il fait bon vivre. Les perspectives se développent : économiques, immobilières ou paysagères, et me font croire que le quartier va encore gagner en qualité de vie.« 

Certains points de vue tempèrent cet enthousiasme, arguant que le problème, c’est qu’un éco-quartier est une bonne chose, mais qu’il a vocation à être isolé finalement, les mauvaises habitudes continuant à remporter un certain succès tout autour…

Pire, selon Catherine Charlot-Valdieu, présidente du réseau européen pour un développement urbain durable, la France serait à la traîne européenne en matière d’aménagement urbain durable. La faute à un retard accumulé depuis bien longtemps alors que des villes hollandaises comme Breda intègrent ces problématiques depuis longtemps. Le quiproquo entre ville durable et éco-quartier semble perturber la donne. Trop souvent serait mis l’accent sur l’aspect respect environnemental du quartier, négligeant ainsi l’aspect économique et social. Il ne suffit pas de construire des maison HQE pour prétendre à l’appellation éco-quartier. Mixité sociale, intégration des compétences locales et lien sur le monde sont des données essentielles. Pour Mme Charlot Valdieu, un des problèmes tient au fait que la concertation devient trop vite ultra locale, alors que l’ensemble de la réflexion devrait être intégrée au coeur d’un véritable plan de politique de la ville. Le risque, c’est que ces quartiers ne deviennent « des ghettos de riches bâtis à coté d’habitats populaires dégradés ». Lire l’interview dans le Monde.

Nous saurons bientôt si la métamorphose s’est faite selon les plans…

Nid de héron dans un arbre dominant le chantier

En France les projets se multiplient : Mulhouse, Grenoble, Dunkerque, Colmart, Perpignan…

Habitez vous un de ces lieux du défi urbain ? Vous en considérez vous comme un acteur ? Comment évoluent les choses selon vous ?

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