Consommer Durable

Made in France : appellation en voie de renaissance ?

« Acheter français ». Non. « Produire français ». C’est bien mieux.

Le nouveau volet de La Guerre des slogans et des  » petites phrases  » de nos dirigeants -ou prétendants- politiques aborde le terrain de la consommation, et du rayonnement français, dans l’hexagone comme à l’étranger. Contrecarrer les effets néfastes de la mondialisation et aller vers une consommation plus responsable et locale, ce n’est pas faute de l’avoir crié sur les toits depuis longtemps…

Pour preuve, de ça et là, le déploiement d’initiatives citoyennes prônant l’usage de monnaies locales en circuit fermé pour l’achat de biens et de services… Le principe : favoriser l’économie et l’emploi de ressources locales en répondant à des critères en phase avec les problématiques du développement durable et de l’économie sociale et solidaire.

Mais il s’agit ici d’industrie. Le retour à une industrie made in France choyée. Du moins, une volonté affichée en période électorale. Mais sait-on jamais…

Malgré la tournure « communicante » que prennent les choses, voici un petit point sur le made in France sauce Noël 2011.

Un label : Origine France Garantie.

Lancé en mai 2011 par l’association « ProFrance« , ce label indépendant officiel, garantit le respect de deux critères indissociables :

15 entreprises françaises disposent de ce label pour la commercialisation d’un ou plusieurs produits. Dernier en date : Rossignol, visité lundi par M.Sarkozy. 40 produits au total se sont vus aujourd’hui apposé le précieux sésame : monture de lunettes Atoll, électroménager Vedette et Brandt, chaussures Ferrand… 200 entreprises ont proposé un dossier pour obtenir le label. Et il y a beaucoup de fabricants à récompenser de ce label : les couteaux laguiolle, les marques de vêtements…

Aussi étonnant que cela puisse paraître, il n’existait pas à ce jour de label « universel », pouvant s’appliquer à l’ensemble de la production françaiseseuls étaient concernés les produits agricoles (AOC Appellation d’origine contrôlée)

Bien entendu, ce label ne va pas remplacer les autres appellations d’origine contrôlées  déjà en place et certifiées : pour l’agriculture biologique entre autres, les fromages, ou le vin…

Quelle fiabilité pour ce nouveau label ?

Pour le consommateur :

Ce label « Origine France Garantie » est certifié par Veritas, bureau d’études indépendant d’évaluation de conformité et d’audits. Pour l’obtention d label, l’entreprise doit ouvrir ses portes aux inspecteurs de Veritas. Tous les ans, la conformité est vérifiée.

Le produit visé est considéré à sa sortie d’usine. Sont pris en compte la recherche et développement et la fabrication. Les ressources utilisées en marketing ne sont pas considérées.

Attention par contre aux mentions commerciales, « Made in France », « origine France », « 100% made in France »… autant d’appellations qui pullulent sur le net notamment, mais ne font l’objet d’aucun contrôle officiel…

Pour l’entreprise :

Le coût de revient de la main d’oeuvre est assurément plus cher en France qu’en Asie. Mais sont sécurisés bons nombre d’aspects qualitatifs : contrôle du produit, qualité des matériaux utilisés et réduction des délais de disponibilités.

L’association Pro France, régisseuse de la distribution du label, indique que la mentalité du consommateur change : le besoin de transparence sur l’impact social et environnemental des produits prend une part de plus en plus importante.

D’ailleurs, de l’avis des entrepreneurs, en France l’attrait pour le patriotisme mercantile est plus fort qu’ailleurs.

Selon un sondage Ifop réalisé en octobre 2011 sur un échantillon de 301 chefs d’entreprise et 1004 personnes de 18 ans et plus, 70% du panel serait près à débourser plus pour un produit « Made in France ». L’enquête révèle également que la qualité et le prix d’un produit priment sur son origine pour une majorité écrasante de sondés.

 

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Délocalisations, relocalisations : vers une nouvelle révolution industrielle ?

Les relocalisations de certains pôles d’entreprises françaises, telles que Rossignol, qui vient de rapatrier la production de ses skis juniors dans les Hautes Alpes, après un exil de 3 ans à Taiwan. Raisons invoquées : la proximité du marché français qui permettra d’être plus réactif à la demande, la majorité des matières premières utilisées qui sont fabriquées en Europe, et enfin la relative marge effectuée sur la main d’oeuvre à Taiwan, puisque ce coût ne représenterait que 20% du prix de revient d’une paire de skis, selon un porte-parole du groupe.

D’autres marques effectuent ce virage à 180°, relocalisant une partie de leurs activités. Le coq Sportif installe un pôle de recherche de pointe dans l’Aube, favorisant l’emploi de 13 personnes. Meccano, le constructeur de jouets, qui a réinstallé une partie de sa production à Calais, fait du 50/50. Le reste de sa chaine de production demeure en Chine, à Shenzen.

Petit Bateau à réussi à conserver au fil du temps 70% du tricotage et de la teinturerie de sa chaîne de production à Troyes…

Il semblerait que la France affiche aujourd’hui une volonté de se réindustrialiserLa part du secteur dans le PIB français représente 14% contre 30% en Allemagne. La France aurait perdu 500 000 emplois entre 1998 et 2008.

Pour la production automobile, l’Allemagne qui construit sur son sol et vend chez elle et ailleurs, est bien plus compétitive que la France qui produit moins cher (pour prendre l’exemple du constructeur Renault) à l’étranger pour finalement tenter de remporter le marché français… et donc réimporter ses produits en France. En Allemagne, l’ensemble de la filière automobile (sous traitants, concessionnaires inclus) représente près de 1 emploi sur 5 !

De quoi donner à réfléchir…

A Sallanches, lundi, le Président à déclaré « je préfère acheter une voiture étrangère produite en France qu’une voiture française produite à l’étranger et vendue en France« .

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