Consommer Durable

L’e-cigarette : Marlboro man VS les néo-clopeurs

Parmi les nouveaux comportements de consommation, le « vapotage », ou la cigarette électronique, ou encore e-cigarette, apparue en 2007 comme un substitut au tabagisme ordinaire.

5 ans après son arrivée sur le marché, les résultats sont plutôt mitigés, chez les fumeurs ou les professionnels de la santé. Ces derniers alertent d’ailleurs l’opinion sur un marché florissant mais un produit peu contrôlé…

J’ai rendu une visite aux pharmacies et bureaux de tabac de mon quartier, et ai interrogé quelques fumeurs adeptes de l’e-cigarette. Compte-rendu.

Les avantages de la cigarette électronique :

La pollution est considérablement réduite. Plus de mégot. Ce n’est pas rien si l’on sait qu’il faut 12 ans à un filtre pour se dégrader entièrement.

Sans vouloir tomber dans le catastrophisme ou la culpabilisation des fumeurs (dont je fais moi-même partie), les faits sont là, avérés depuis longtemps. En 1998, 954 Millions de kg de mégots se sont retrouvés dans les rues ou les cours d’eau, uniquement en Suisse.

Une cigarette contient plus de 2500 substances toxiques… quid de la cigarette électronique ?

La cigarette électronique tire directement avantage de la forte toxicité de la tige de 8. Voici ses principaux arguments, en terme de santé et d’écologie :


Le paquet de clope d'aujourd'hui. 35€. Mais rechargeable.


Plus de fumée avérée toxique mais de la vapeur d’eau, a priori, et quelques arômes. Nous reviendrons sur ce point plus tard…

Indéniablement, plus de tabagisme passif, plus de briquet ni d’emballage (contenant alu, carton et plastique), plus d’odeur non plus (finit la mauvaise haleine en cas de clope électronique-café).

Ce type de tabagisme, n’en est plus un par définition, car le tabac n’entre pas dans sa composition. Sa consommation est donc toléré dans les lieux publics fermés. De même que l’utilisation d’une boule anti-stress, ou le machouillage d’un chewing-gum au final…

ATTENTION : la gamme de produit propose des versions avec ou sans nicotine.

De 12 à 3 cigarettes par jour…

Une buraliste me confie son adhésion complète au principe. Elle est passée de 12 à 3 cigarettes par jour grâce, confie-t-elle, à la cigarette électronique. Elle me vante les mérites du produit, rechargeable par port usb, économique si l’on l’inclut dans une logique de réduction de sa consommation de cigarettes, bien sur. Son établissement est actuellement en rupture de stock, elle m’affirme que les ventes se portent très bien. Côté comportement de consommation, la plupart de ses clients deviennent e-fumeurs pour arrêter de s’intoxiquer au tabac.

Il n’y a pas de public particulier : jeunes ou moins jeunes sont clients, ils ont en commun de vouloir préserver leur santé, et donc réduire ou arrêter leur consommation de cigarette.

La clope électronique, nous le verrons par la suite, a le bénéfice du doute quant à sa composition, ressentie comme moins nocive que les cigarettes régulières.

Pour l’avoir moi-même testée, il faut avouer que la sensation est assez satisfaisante. Elle compense efficacement l’envie de fumer. Question « maniabilité », c’est assez lourd, et les volutes de fumée ne sont pas aussi épais qu’avec une vraie clope.

Thomas, 31 ans : « C’est pas mal. Tu tires 3 ou 4 fois dessus et tu la range, ça permet d’éviter de fumer une vraie clope… Mais j’ai pas réellement décidé d’arrêter de fumer, alors elle reste parfois plusieurs semaines sans être utilisée. Pendant ce temps j’achète des clopes… Au niveau sensation c’est quant même bien fait. Celles arômatisées au café ont bon goût. Puis tu as le geste… « 

– Tu as choisis une version « nicotinée » ? / Ressens tu un manque ?

Thomas : « non, elle est sans nicotine celle-là. Et pas de manque enfin j’ai pas l’impression, mais comme je te disais, je fume à côté donc, j’ai ma dose de nicotine j’imagine ».

Des clients « tombés malades »

Dans un deuxième bureau de tabac, on m’annonce que ce produit n’est plus vendu ici, suite à des avis de clients mécontents, « tombés malades » selon la buraliste. Le propylène peut en effet causer un effet d’ébriété à haute dose.

La suite page 2 : la vente interdite en pharmacie, pas d’e-clope à côté des patchs !

Vente d’e-cigarettes interdite en pharmacie : le bémol

La confiance en ce procédé peut ici prendre un coup. Pourquoi ne peut on pas se procurer de cigarettes électroniques en pharmacie, si le but est d’aider à arrêter de fumer ?

D’après les pharmaciens interrogés, il n’y a pas d’autorisation de vente sur le territoire. L’AFSSAPS l’a interdit en mai 2011. Les raisons invoquées sont les suivantes :

Concernant le geste, on peut imaginer que l’e-cigarette ne permet pas de briser l’habitus. La notion d’habitus peut être considérée comme intéressante ici car l’acte de fumer est un comportement de socialisation qui est fortement normé. Autrement dit, on ne participe pas de la même façon à une pause cigarette avec un patch…

Pas de recul ou d’analyses approfondies, et une production non soumise à une réglementation stricte. L’agence française de sécurité sanitaire des produits de santé (AFSSAPS) ne contrôle que le taux de nicotine.

Sans vouloir sombrer dans la paranoïa, la production vient en grande partie de Chine, origine qui souffre d’une réputation sulfureuse… Même aux Etats-Unis, l’association Cancer Society s’est exprimée défavorablement sur ce sujet.

Du coup, et toujours sans vouloir sombrer dans la paranoïa, le lobby cigarettier étant un des plus puissants de la planète, il serait intéressant de connaitre les connivences ou conflits d’intérêt réels entre l’une et l’autre des parties.

A ce jour, il est vrai que l’innocuité de l’e-cigarette n’a pas été prouvée, cependant le procès de la (pas) bonne vielle clope à bel et bien eu lieu, et l’affaire ne manque pas de jurisprudences…


Définitivement pas le public visé... Comment recharger sa clope sans lap-top ?


PS : saviez-vous que la pub Marlboro et son fameux Marlboro Man, à été initialement lancée pour promouvoir les cigarettes à filtres, à l’époque encore très connotées comme étant féminines ?

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En savoir plus sur le tabagisme :