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Voiture électrique : coût, autonomie, historique, vers un nouveau départ ?

Bien que l’éco-mobilité soit, plus qu’une mode, une évolution rationnelle permettant de se déplacer en minimisant son impact environnemental, investir dans un véhicule particulier est encore un besoin réel pour beaucoup (2,2 millions de voitures neuves immatriculées en 2011, soit une baisse de 2,1 % par rapport à 2010).

Quels avantages ou inconvénients à choisir en 2012, d’investir dans une voiture électrique ou essence ? Quelles ont été les dernières évolutions et vers quoi tend concrètement le marché et l’évolution des comportements de consommation dans ce secteur de plus en plus concurrencé par les alternatives « éco-mobiles » ?

Voiture essence vs voiture électrique : les arguments connus et reconnus

Pollution : le carburant dégage beaucoup de CO2 dans l’atmosphère, responsable de l’effet de serre. Cependant, la voiture électrique a elle aussi son fardeau environnemental. La production, l’alimentation puis le traitement en tant que déchet, des batteries n’est pas écologiquement neutre… quant aux voitures fonctionnant à l’énergie solaire, ou à l’hydrogène, Fiat et d’autres constructeurs avaient travaillé sur divers prototypes au milieu des années 2000, proposant une autonomie de 200km (pour le véhicule solaire) mais le système de recharge optimal est encore à l’étude.

Les centrales fournissant l’électricité, au charbon, au gaz, ou par le nucléaire et très minoritairement,  par l’héolien ou le solaire… sont également sources de pollution.

La comparaison des bilans écologiques, de la conception puis de l’utilisation et enfin, du traitement d’un véhicule électrique comparé à celui d’un véhicule traditionnel doit être assez équilibrée en terme d’impact sur environnemental.

Coût : tandis que le carburant essence est de plus en plus cher à la pompe, l’électricité nécessaire à l’alimentation des batterie est moins coûteuse. A l’achat, le véhicule en lui même est bien plus cher en version électrique qu’en version thermique, cela étant du notamment au coût très élevé de la conception des batteries.*

La voiture électrique bénéficie de primes gouvernementales intéressantes. Cela dit, c’est une réduction de son prix d’achat qui pourrait susciter un véritable engouement et enclencher le boom de ce comportement de consommation routier.

Un écart de prix trop important :

La moyenne tourne autour de 30 000€, avec un bonus écologique réduisant le prix d’environ 5 000€, un équivalent thermique coûtera 2 à 3 fois moins cher. Un flop aussi pour le système de location de la batterie proposé aux clients. Exemple : la berline électrique de Renault, la Fluence ZE, mise en vente à 20900 €, bonus écologique déduit. A cela vient s’ajouter un forfait batterie mensuel, calculé en fonction du nombre de km parcourus. Comptez en moyenne 100€/mois.

Renault Fluence ZE. 160km d'autonomie, vitesse maxi 135km.

La batterie, éternel Talon d’Achille des voitures électriques :

C’est le nerf de la guerre entre les motorisation thermiques et électriques : si les batteries des véhicules électriques permettaient plus d’autonomie et prenaient moins de place, le choix des automobilistes suivrait leurs intentions d’achats et leurs préférences en terme d’agrément de conduite. Depuis toujours, la voiture électrique à été préférée, sur le principe, aux véhicules fumants et pétaradants. Silence, facilité de conduite… mais souffle court, voilà ce qui a toujours handicapé la voiture électrique dans la conquête des autoroutes.

Mais des avancées technologiques prometteuses changent progressivement la donne : par exemple le projet de borne de recharge accélérée nommé Pulse 50, permettrait de redonner 20km d’autonomie à une batterie en 20mn.

Un distributeur de carburant électrique : le Pulse 50 de Lafon et Evtronic.

>> Suite page 2 : les taxis new-yorkais du XIXè siècle, le privé au secours de l’électrique, le diktat de l’autonomie serait-il un faut problème ?>>


Le marché de la voiture électrique (a toujours )peine(é) à passer la première :

Pour le moment, les ventes de véhicules électriques n’ont pas démarré sur les chapeaux de roues… Pour les 4 premiers mois de 2012, seulement 1594 automobiles particulières ont trouvé un pilote à leur volant (source les Echos, chiffres : AVEM).

Représentant moins de 0,2% du marché, la voiture électrique peine à convaincre, et met à mal les projections des constructeurs pariant sur un taux de 5 à 10% des ventes d’ici 2020.  Les Echos prennent soin de noter que le marché français a pourtant bel et bien été boosté par les commandes concernant le service d’auto-partage Autolib pour Paris…

Le saviez-vous ? Le concept de voiture électrique date de la fin du XIXè siècle. A l’époque, les modèles électriques, à vapeur ou à pétrole étaient sur la même ligne de départ pour la conquête du marché mondial… Les taxis New-Yokais roulaient à l’électricité et les postiers français livraient le courrier en Milde Krieger ! Mais les progrès vont tarder dans le domaine des batteries alors que le moteur à explosion va connaitre des évolutions radicales et rapides, tandis que le pétrole coulera à flots… Les constructeurs et l’armée trancheront ainsi en faveur du moteur à explosion, et la voiture électrique devra attendre la menace d’épuisement des ressources pétrolifères pour revenir (timidement)… en coulisses.

 

Les voitures postales Milde Krieger au garage (début XXè s.)

Le privé au secours de l’électrique ?

C’est un retour aux sources… et une initiative tout à fait dans l’ère du temps : la plupart des commandes de véhicules électriques sont aujourd’hui passées par des entreprises qui parient sur l’électrique pour composer un parc de véhicules utilitaires. Services de livraison ou d’assistance dépannage… Un juste retour des choses puisque c’est largement à cet usage que les débuts de la voiture électrique ont été auréolé de succès.

Du neuf pour les particuliers : la Twizzy, véhicule à un prix enfin abordable…

Renault Twizzy, le quadrycle entre scooter et voiture, représente l’exception pour le secteur des voitures électriques particulières. Pour 7000€, on peut repartir au volant d’un véhicule étrange, urbain et donc très pratique (935 immatriculations sur les deux mois ayant suivi son entrée sur le marché), qui se marrie très bien avec les nouveaux comportement de mobilités urbains : transports en commun, vélo, et petite voiture électrique. Quoi qu’à ce niveau, on peut privilégier l’auto partage, s’il s’agit de partir faire des courses ou d’aller chez ses parents le dimanche…

La Twizy joue plutôt dans la catégorie miniature : 2 places, un coffre, un habitacle. A partir de 6990€, avec déductions gouvernementales possibles. Reste la location de la batterie, facturée 45€/mois, avec un plafond à 7500 km par an.

L’autonomie : le véritable problème ?

Le reproche qui a toujours été fait aux véhicules électriques serait-il guidé par une estimation, une projection désuète ?

L’autonomie doit-elle nécessairement être de 500 km minimum pour être sécurisante ? Alors que la voiture devrait prendre de moins en moins de place en ville ou pour joindre les autres agglomérations ? Trains, bus, vélo en libre service, voitures en autopartage pour les trajets urbains… Le besoin de plus d’autonomie se tient, mais l’exigence est probablement disproportionnée.

Comme l’a révélé une étude publiée en décembre 2011 par l’Observatoire Cetelem de l’automobile, la question de l’autonomie est clairement identifiée comme un frein aux intentions d’achats des conducteurs européens (6000 interrogés) : 55% d’entre eux seraient disposés à investir dans un véhicule électrique si celui-ci proposait une autonomie d’au moins 250km, alors même que 81% de ces derniers parcourent moins de 100 km par jour…

Cependant, le développement des distributeurs d’énergie en station service tels que Pulse 50, de plus en plus performants pourrait changer la donne en attendant que les batteries proposées aient plus d’autonomie… Un projet japonais promet une recharge à 100% en seulement 10 mn…

Suntree, un projet pouvant abriter 6 véhicules tout en les rechargeant grâce à des panneaux solaires à haut rendement... A envisager sérieusement car l'installation de bornes de recharges individuelles est très coûteux... et le prix est répercuté sur le client.

C’est peut être ça, la prochaine grande avancée de l’électrique au détriment du thermique : la multiplication des bornes de recharges en stations services, aires d’autoroutes et autres parkings…

En attendant, le Grenelle de l’environnement avait tablé sur un souhait de développement du parc de véhicules électriques atteignant à l’horizon 2020 les 2 millions de véhicules électriques ou hybrides en circulation. Si la hausse du prix de l’essence continue à se faire sentir, la rentabilité d’une voiture électrique pourrait être considérée sous un jour nouveau, un plein revenant à une somme dérisoire, de 2€ environ…


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