Consommer Durable

Noël et les chocolats truffés d’huile de palme

Les fêtes de fin d’année sont des moments propices aux écarts alimentaires. C’est également une période durant laquelle la consommation de chocolat augmente considérablement. Tentative d’éclaircissement sur la composition réelle des chocolats à quelques jours des fêtes.

On sait que l’huile de palme se trouve fréquemment sous des formes plus ou moins déguisées dans l’alimentation générale. Alors, que vous soyez dans une démarche de boycott de l’huile de palme pour des raisons environnementales et sanitaires ou qu’en véritable gourmet vous ne juriez que par la fève de cacao, un conseil : évitez les chocolats fourrés.

Au banc d’essai les cinq grandes marques de chocolat que l’on peut trouver en grande surface, et qui monopolisent inlassablement le rayon lorsque arrivent les fêtes de fin d’année : Lindt, Lanvin (Nestlé), Milka (Kraftfood), Rochers (Ferrero), Celebration (Mars Incorporated).

Chocolat d’enrobage et fourrage : attention au quiproquo l’huile de palme

Ouvre-moi ton coeur je te dirai qui tu es :

Une directive européenne de 2000 interdit aux fabricants de chocolat d’utiliser autre chose que du beurre de cacao dans leurs compositions.

Ors, bien souvent, un chocolat se compose de deux parties : le coeur (ganache, amande, praliné, kirsch…) et l’enrobage… et la directive ne légifère que sur l’enrobage.

L’appellation « chocolat pur beurre de cacao »  souvent abusée :

Le centre technique des métiers de la pâtisserie édite un guide des bonnes pratiques d’étiquetage en la matière. Il y est précisé que l’appellation « chocolat pur beurre de cacao » n’est pas autorisée sur les ballotins de chocolats assortis. Logique, puisque ce serait faire l’impasse sur le fourrage.

Le chocolat d’enrobage est donc à ne pas confondre avec les chocolats dans leur ensemble.

La liste des ingrédients est la même pour toutes les marques citées précédemment : « chocolat au lait 30% (sucre, beurre de cacao, lait écrémé en poudre, beurre concentré, émulsifiants : lésithine, arômes) ; noisettes, sucre, huiles végétales... farine de froment, lactosérum en poudre, cacao maigre, émulsifiants : lécithines (soja, poudre à lever (carbonate acide de sodium), sel, arôme, » -ainsi que cette mention- « le chocolat utilisé est un chocolat pur beurre de cacao ».

Il n’y a pas de mensonge, mais le fabricant joue insidieusement sur les mots !

Le problème, c’est que la mention « huile végétale« , elle, est bien présente sur la plupart des emballages de ces grandes marques de chocolat.

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Palme et chocolat : les fabricants répondent

Pour en savoir plus, Adrien, notre ami chasseur d’huile de palme est allé interroger les fabricants. Ils se sont prêtés au jeu, sans pour autant risquer l’objectivité totale, se cachant derrière une législation permissive…

Réponse de Lindt, interrogé sur la présence d’huile d’origine végétale dans la composition de ses gammes Champs Elysées et Lindor :

« l’art de la confiserie exige parfois l’utilisation de matières grasses végétales nobles pour l’obtention de qualités ou goûts particuliers. Cette méthode n’est pas à confondre avec l’ajout de matières grasses végétales dans le chocolat pur pour des questions de coût, démarche qui n’est pas la nôtre. Les huiles utilisées dans la fabrication des chocolats Champs Elysées sont des huiles de Coprah et de Karité.Ni hydrogénées, ni trans« .

Cependant, la composition d’une boîte de Champs Elysées comprend 35 ingrédients dont des éclats de gaufrettes contenant de l’huile de palme (farine de blé et de riz, sucre, carbonate acide de sodium, huile de palme…).

Mettant le doigt sur l’épineux détail, Adrien n’obtiendra cette fois pas de réponse. La réponse de Lindt portait-elle uniquement sur le chocolat d’enrobage ?

Chez Nestlé, la réponse a été plus expéditive.

Dans les chocolats Ambiance Lanvin de Nestlé, on peut compter plus de 30 ingrédients dont des matières grasses végétales. Interrogé à ce sujet, le service consommateur indique que « tous les chocolats sont pur beurre de cacao ». Poussée à répondre sur la recette des fourrages, l’interlocutrice d’Adrien lâche qu’ils sont à base de beurre concentré ou d’huile de palme. Appuyant le fait que la palme est utilisée pour l’apport fondant au goût des graisses saturées… Perspective plutôt écoeurante.

Réponse de Kraft Foods (Milka) :

« Le fabricant requiert l’utilisation d’huiles végétales en quantités variables. Kraft Foods propose un étiquetage conforme à la réglementation qui n’impose pas de spécifier les matières grasses employées. Les recettes sont à base de beurre, d’huile de palme ou de colza, ou bien d’un mélange de ces huiles. Une diversité nous permettant de trouver le meilleur compromis  entre les contraintes technologiques liées à nos procédés de fabrication, le goût et le profil nutritionnel« .

Réponse de Mars Inc. au sujet de la gamme Celebration, contenant plus de 30 ingrédients dont mono et diglycéride d’acide gras ET matière grasse végétale.

« L’additif E 471 (mono et diglycéride d’acide gras), est d’origine végétale, particulièrement palmique. Quant aux matières grasses végétales listées, c’est de l’huile de palme« .

Voilà qui à le mérite d’être clair.

Pas de réponse de la part de Ferrero à ce jour. Celà dit le site internet de la société précise l’usage de matières grasses d’origine végétale dans la composition du fourrage de ses chocolats.

Bilan : la palme de l’hypocrisie revient à la réglementation en vigueur.

Les industriels profitent d’une réglementation permissive à l’égard de l’utilisation d’huiles végétales. Cependant, ils ne se cachent pas et on accepté de jouer le jeu de l’interview.

Attention donc à l’amalgame ! Si vous souhaitez faire attention à votre consommation de matières grasses végétales, ne vous laissez pas berner par l’appellation « chocolat pur beurre de cacao », qui concerne en réalité l’enrobage, mais pas le coeur… une vérification s’imposera.

Une note intéressante sur la législation de l’étiquetage au Canada : si usage d’huile de palme il y a, celui-ci doit être mentionné en toutes lettres. La mention « huile végétale » n’est pas acceptée. Regardez et comparez la liste des ingrédients et la façon dont ils sont énoncés par vous même :

Lindor au canada / Lindor en France

>Page suivante : pour se raccommoder avec le chocolat : une recette de truffes facile et sans huile de palme !

Recettes de truffes au chocolat sans huile de palme :

Si vous souhaitez vous faire plaisir sans vous faire berner, voici une recette certes assez calorique mais bon, c’est bientôt Noël après tout !

Pour 40 à 50 truffes de 10 à 15 grammes chacune.

Cassez le choco en morceaux, faites fondre au bain marie avec le lait. Remuez de temps en temps. Une fois une pâte lisse et homogène obtenue, ajoutez l’extrait de vanille et fouettez énergiquement. Ajoutez par petites touches les amandes et noisettes pilées.

Laissez reposer 2 à 3h au frigo, jusqu’à ce que la pâte durcisse. Formez des petites boules à l’aide d’une cuillère à café puis roulez les dans une assiette contenant le cacao en poudre. Conservez au frigo jusque la dégustation.

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