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Comment débuter une démarche de simplicité volontaire ?

Interview de Dominique Boisvert*

Comment débuter une démarche de simplicité volontaire ?

D’une manière, la simplicité volontaire (SV) peut avoir un commencement mais elle n’a pas de fin. Il s’agit d’un cheminement personnalisé, chacun n’ayant pas les mêmes objectifs ou priorités (santé, argent, travail, environnement, justice sociale, spiritualité, etc.) et ne partant pas du même point de départ (citadin ou rural, célibataire ou marié, avec ou sans enfants, jeune ou vieux, etc.).

 

Mais dans tous les cas, la simplicité volontaire SV démarre souvent comme avec une pelote de laine: en choisissant l’un des nombreux brins qui dépassent, ce qui conduit inévitablement, de fil en aiguille (c’est le cas de le dire!) à tout le reste.

Absolument n’importe qui peut pratiquer la simplicité volontaire ! Pas besoin de compétences spéciales, d’attendre un groupe ou des consignes : tout le monde peut commencer par un petit geste dans sa vie quotidienne. Comme se demander, à chaque achat, si j’en ai vraiment besoin.

Ou manger un repas de viande de moins par semaine. Ou prendre davantage le transport en commun ou le covoiturage plutôt que « l’auto-solo ». Ou décider de regarder moins de télévision ou de passer moins de temps devant son écran d’ordinateur.

Ou se garder régulièrement un moment pour vérifier si sa vie correspond vraiment à ce qu’on s’est donné comme priorité. Autant de gestes qui vont changer des choses concrètes, aiguiser la conscience et faire découvrir d’autres aspects de la vie qu’on peut avoir le goût de simplifier ou de corriger.

Quelles sont les premières actions simples qui permettent d’entamer une démarche de simplicité volontaire ?

La simplicité volontaire sur le plan social

La simplicité volontaire privilégie l’intérêt collectif plutôt que les seuls intérêts individuels. Car elle se pratique beaucoup plus facilement par la mise en commun des ressources disponibles (au lieu d’avoir chacun besoin de se procurer tout).

La simplicité volontaire va clairement à l’encontre de l’économie dominante qui cherche à satisfaire les besoins individualisés de chacun, ce qui permet de maximiser les ventes mais contribue, de façon décisive, à disloquer le tissu social.

Parmi les gestes simples qui recréent et renforcent le lien social, signalons :

La simplicité volontaire sur le plan environnemental

La SV promeut la réduction de notre empreinte écologique (la quantité de ressources de la planète que chacun utilise pour alimenter son mode de vie), réduction d’autant plus urgente et incontournable que pour que tous les humains puissent vivre comme nous, il nous faudrait les ressources de 4 ou 5 planètes Terre alors que nous n’en avons qu’une ! Pour rendre l’image plus parlante, comparons la planète à un grand buffet où chacun est libre de se « servir à volonté » : qu’est-ce que je choisis de mettre dans mon assiette (par mes multiples choix quotidiens : alimentation, vêtements, chauffage, consommation, transport, etc.) ? En nous rappelant que tout ce que je mets dans mon assiette n’est plus disponible pour ceux et celles qui me suivent. Et que par un « heureux hasard » de l’histoire, nous sommes à la tête de la longue file d’attente et nous servons en premier : que laissons-nous pour les derniers ?

Parmi les gestes simples qui respectent et protègent l’environnement, signalons :

La simplicité volontaire sur le plan économique

L’économie dominante repose essentiellement sur une croissance illimitée de la consommation : toute stagnation ou réduction de celle-ci entraîne, dans notre système économique, une crise (récession, baisse de la « valeur » des entreprises, chômage, etc.).

Mais peut-être faut-il justement re-découvrir les deux sens du mot « crise » : risque et opportunité. Et accepter le risque pour en faire une opportunité : celle de remettre l’économie au service des humains et de leurs besoins (et non pas de leurs désirs, toujours insatiables, comme le rappelait Aristote il y a 2500 ans) plutôt qu’au service du capital. Oui, la SV contredit non pas l’économie mais la logique actuelle de l’économie. Oui, une société de SV serait fort différente de celle que nous connaissons. Oui, cela demanderait forcément une période importante de transition pour atténuer les difficultés, individuelles et collectives, qu’impliquerait un tel changement. Mais tout cela est incontournable si l’humanité doit survivre, car l’économie du « toujours plus » et du « chacun pour soi » ne peut conduire qu’à des culs-de-sac toujours plus dramatiques et prochains, tant sur le plan économique, qu’environnemental, social et humain.

Parmi les gestes simples qui préparent une économie différente, signalons :

Bref, selon le mot de Duane Elgin qui a relancé le concept au début des années 80, la SV c’est « une manière de vivre qui est extérieurement plus simple et intérieurement plus riche » (Voluntary simplicity, 1981) ou, comme le rappelait Gandhi (qui a inspiré Richard Gregg, celui qui a inventé l’expression SV en 1936), « vivre plus simplement pour que les autres puissent simplement vivre ».

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*Dominique Boisvert est membre fondateur du Réseau québécois pour la simplicité volontaire (RQSV) et auteur du livre « L’ABC de la simplicité volontaire » (Éditions Écosociété, 2005). Pour plus d’informations, consultez le site internet et le nouveau blogue du RQSV au www.simplicitevolontaire.org

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