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Herboristerie familiale : le potager-coin de santé

Comment se constituer un potager-coin de santé ? Un petit coin d’arômes et de vertus aussi bénéfique au goût qu’à l’équilibre alimentaire et la santé est possible. Connaitre les propriétés des plantes aromatiques, fleurs, légumes et fruits locaux est un véritable point fort pour rester en bonne santé toute l’année.

Parce que savoir qu’une infusion de pissenlit ou de pensées est un remède aux problèmes de peau, que la marjolaine soigne le mal de gorge, le pin sylvestre, le nez bouché… permet d’optimiser son mode de vie et son alimentation en fonction de ce que la nature peut offrir. En effet, saviez-vous que consommer des tomates en hiver ne nous apporte rien du tout ? La tomate est un fruit d’été, qui apporte des substances protectrice à notre peau face au soleil… Il y a une logique qui, si elle est respectée, apportera de nombreux bienfaits à l’organisme.

Alors, si vous souhaitez savoir comment utiliser la nature pour se soigner des maux courants (rhumes, fièvres, nez bouché, insomnies, fatigues, indigestion), et ne pas se rendre systématiquement en pharmacie au moindre signe, ce qui suit vous intéressera surement beaucoup !

Du latin "plantago" : plante qui agit. Le plantain, considéré comme de la mauvaise herbe, est très efficace contre la toux...

Repères :

Je me suis longuement entretenu avec Muriel Charlier Kerbiguet, coordinatrice de projets et de formation pour Cap’Santé. L’association bretonne agit pour la connaissance active des plantes de santé. Cela passe par la transmission d’un savoir botanique, par une alimentation saine et l’entretien d’un lien durable avec le végétal et la terre. L’association propose des formations professionnelles ainsi que des formations pour tous.

Restitution de l’entretien :

Des usages de l’herboristerie familiale :

Il faut bien différencier l’herboristerie, dont nous traiterons ici, et dont le champ d’action est le soin de tous les jours, et la phytothérapie, qui est une forme de médecine, soignant des pathologies. Bien entendu, se soigner par les plantes est une action complémentaire. Elle ne remplace pas le moins du monde l’avis d’un médecin ou un traitement prescrit.

L’herboristerie est une façon, par la connaissance des propriétés médicinales des plantes, de recréer un lien avec la nature et de se réapproprier sa santé. Ce n’est pas une forme de médecine.

Les plantes aromatiques et médicinales (PAM) sont utilisées partout dans le monde, depuis toujours. A des époques similaires, au Moyen-Orient, en Afrique, ou en Europe, on utilisait les plantes locales pour soigner les mêmes problèmes. Environ 40% des médicaments français sont issus directement des plantes ou fabriqués à partir de molécules de plantes.

Par rapport au code de la santé publique, les plantes médicinales doivent présenter une action thérapeutique. Les plantes médicinales possédant des propriétés médicamenteuses, sont normalement vendues en pharmacie, sauf dérogation. En France, à été mise à jour en 2008, une liste de 148 plantes qui sont actuellement en vente libre. Il est possible de se les procurer chez des producteurs, sur un marché, dans des magasins bio… Les autres plantes sont donc vendues en pharmacie.

L’herboristerie va permettre de soulager les petits maux ou bobos de tous les jours, d’avoir sous la main, dans son potager ou dans des jardinières, des plantes, des légumes, qui permettent d’améliorer la santé.

L’utilisation des plantes présente des avantages économiques, écologiques, et un intérêt au niveau de la santé publique également.

 

Suite page 2 : Que planter dans son potager/jardin/jardinière-coin de santé ?


Que choisir pour son potager-coin de santé ?

« On y trouvera des plantes qui seront les alliés d’une bonne santé au quotidien. Ces plantes seront des légumes, des plantes aromatiques, des fleurs, par lesquelles on soigne beaucoup, des fruits, notamment tous les fruits rouges, et des arbres. Car les feuilles, les écorces ou les bourgeons des arbres peuvent être très utilisés. Il est possible de déborder du potager pour en faire un jardin-santé si possible.

Les légumes et les fruits sont sources d’anti-oxidants, de vitamines et de minéraux, incontournables dans une alimentation saine et équilibrée, de préférence bio pour éviter les pesticides, et de saison, car ils sont naturellement appropriés à nos besoins de saison.

Exemple : le chou, que l’on consomme en hiver, est plein de principes soufrés. Ce dont on a besoin pour ne pas être enrhumé et ne pas tousser.

Les fruits sont indispensables. Les fruits rouges ou les fruits à pectine, comme les pommes, sont indispensables à la bonne santé. Les fruits rouges, tels que le cassis, framboise, mûre, sont des aliments anti-oxydants. On parle beaucoup de prévention face aux risques de cancer… Les anti-oxydants et les fruits rouges sont une solution préventive. Il y en a à toutes les saison, même les fruits des églantines, les fraises, myrtilles dans l’est…

A cela il faut ajouter toutes les plantes de bords de route, les sous-bois, les champs, que l’on considère souvent comme des mauvaises herbes, et qui pourtant sont de grandes plantes médicinales. Pour exemple : l’ortie ou le plantain. L’ortie est une plante majeure en herboristerie familiale. Le plantain, notamment pour soigner les maux d’hiver.

Il est fréquent de trouver dans le commerce des compléments alimentaires à base de produits/plantes exotiques. Ces plantes exotiques ont bien sur des vertus particulières. Cependant, dans nos plantes locales, nous pouvons trouver les ressources nécessaires. Comme chaque région de France à une flore qui lui est propre, malgré les différences de climat, on peut trouver partout des plantes endémiques qui vont être bénéfiques et faciles à garder dans un potager. »

Quelles plantes utiliser pour soigner quels maux ?

« La plupart de ces plantes sont à cueillir, sécher puis consommer en tisane. Demandez l’accord de votre médecin au préalable, afin de prévenir tous risque d’allergie par exemple. »

« Toutes ces plantes sont à consommer en infusion, décoction, mais bien entendu également dans la cuisine. Il faut penser à les incorporer dans les plats cuisinés. Si l’on souhaite se soigner, il vaut mieux faire des tisanes. Au quotidien, incorporer des légumes, des fruits, des plantes aromatiques, est un vecteur de bonne santé.

Dernière précision : l’ail. C’est le condiment à avoir dans son jardin. C’est un tonique veineux très efficace. « 

Quelle est la meilleure façon de consommer les principes actifs de ces plantes ?

« La consommation crûe de l’herbe aromatique est la meilleure façon de préserver les principes actifs. Lorsque l’on veut se soigner, il vaut mieux préparer des tisanes. En conclusion, incorporer à son régime alimentaire ces plantes aromatiques dans la cuisine est la meilleure chose à faire. »

Note : les diverses variétés de thym auront les mêmes propriétés. C’est pourquoi les noms vernaculaires sont donnés.

Suite page 3 : comment bien débuter la modification de son régime alimentaire, de manière sécurisée ?

Quelles sont les différences de traitement entre un soin par les plantes et une démarche pharmaceutique ?

« Le soin par les plantes est plus long. C’est une démarche cependant plus globale, choisie par des gens qui ont envie de le faire. ça n’a rien d’anodin, il s’agit d’une conception spécifique de la manière de se soigner, à long terme. Ce n’est pas une forme de médecine bizarre… Il s’agit simplement d’un savoir à portée de tous.

Il faut bien sur s’être renseigné sur les plantes. Ainsi, en matière de contre-indications, il est clair que certaines plantes sont toxiques, à ne pas utiliser sans prescription médicales. N’hésitez pas à demander l’avis de votre médecin, précisant de quelle manière la plante est consommée.

Au niveau des dosages, pour les tisanes, 1 pincée par tasse (25cl). 4 pour 1 litre. 10 mn d’infusion.

Note : La pincée est constituée de fleur-tige-feuilles séchées.

Le romarin est un très bon stimulant intellectuel ! Efficace contre la fatigue.

 

Chez Cap’Santé, le credo est de prendre sa santé en main de façon responsable. Cela ne veut pas dire de le faire seul, mais simplement d’être conscient que la nature est bien faite ! 148 plantes reconnues, autorisées à la vente pour la pharmacopée. Depuis août 2008. Auparavant, il n’y en avait que 90. »

 

Merci beaucoup à Murielle Charlier Kerbiguet pour son temps et son savoir !

Un projet de loi du sénateur JL Fichet déposé en juillet 2011 vise à réhabiliter et revaloriser le métier d’herboriste, et à réorganiser la filière de formation. Un groupement national de réflexion a été mis en place en ce sens.

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