Consommer Durable

Livres papier, liseuses et tablettes : état des lieux écologique

La question mérité d’être posée : quelle différence entre les bilans environnementaux d’un livre papier et d’une liseuse numérique ?

Kindle, Kobo, Sony Reader… ils déferlent dans les magasins d’électro-ménager : plus fins et légers, et donc, plus transportables, les tablettes pour livres numériques bénéficient également d’une bibliothèque de plus en plus fournie (950 000 titres sur Amazon) et d’une interface toujours plus soignée.

La liseuse Kobo, commercialisée par la Fnac, bien décidée à devenir leader sur le marché français du livre numérique.

En France, l’engouement pour le support numérique ne s’est pas encore vraiment manifesté : 80 % des français se disaient opposés au principe de lire un roman sur une tablette numérique en 2011. Cette même année, la vente des livres numériques n’a représenté que 0,5% de la vente de livre totale.  A l’opposé, aux Etats Unis, la tendance inverse s’est vérifiée dès le premier semestre 2012, les ventes de livres numériques dépassant celles des livres au format papier : 0,6% en 2007 pour 6,8% fin 2011.

Depuis que les lecteurs/liseuses ont déferlé sur le marché à prix cassés (la liseuse Kindle s’acquiert dès 79 euros), la popularité du livre numérique a considérablement augmenté… Mais si cette nouvelle forme de lecture ne semble pas nécessiter l’abattage d’arbres, est-elle pour autant plus écologique ? Les forêts peuvent aujourd’hui être gérées durablement ; un livre en papier s’emprunte, se donne, se rachète, se répare…. mais surtout, se conserve des décennies voire plus dans de bonnes conditions.

Le Kindle, d'Amazon. La marque propose un vaste choix d'ouvrages.

Concurrence entre produits culturels :

Les avantages du livre numérique : grand choix de références et surtout, disponibilité immédiate. Pas de problème d’arrêt d’édition de certaines oeuvres.

Le remplissage de la bibliothèque est très facile… et permet des économies d’espace, car il est possible de stocker 200 livres dans un appareil tel que le Kindle.  Ne restera plus qu’à les lire.

Pour ce qui est du coût du livre numérique, il existe d’assez grandes disparités de prix. Si l’on peut trouver quelques ouvrages à moins d’un euros, la plupart affichent un prix supérieur à 10 euros. Exemple, le Sermont sur la chute de Rome, prix Goncourt 2012, est tarifé à 13,9 euros en numérique. Un livre numérique coûte en moyenne 9,50e ur l’Ibook Store d’Apple, soit plus cher qu’une version papier en Livre de Poche (plutôt 7 euros).

Attention : les éditions au format propriétaire, telles que les éditions pour le Kindle, ne sont pas transposables sur d’autres supports.

Avantages du livre papier (en tant que produit culturel) : le choix de référence n’est pas moins grand, peut être juste immédiatement moins disponible.

Son espérance de vie est imbattable, et si l’on considère le concentré de technologie qu’offre la liseuse, elle n’en est pas plus résistante dans le temps et vulnérable : si un livre mouillé se gondolera, la liseuse ne lira plus grand chose…

Quant au plaisir d’aller chercher son livre dans une des rares dernières librairies, il n’est pas assez souvent pris en compte. De plus, le support connait lui aussi une évolution, avec l’exemple de l’ultra poche, un livre de 8x12cm qui se lit à 90°, sur du papier ultra fin (voir en fin d’article).

>> La suite page 2 : qui est le plus énergivore ? >>

Qui est le plus énergivore ?

Attention ici, le débat est plein de considérations à prendre en compte.

Pour le livre papier, la coupe d’arbres, l’utilisation d’eau, d’encre, l’impression et l’ensemble des trajets permettant sa production, des matières premières à la distribution d’exemplaires reliés dans diverses collections et langues constituent une somme d’impacts sur l’environnement qu’il faut ici comparer à l’ensemble des techniques mises en oeuvre pour la production d’un format numérique.

Malgré des estimations peut précises, la balance écologique penche clairement

Selon le cabinet de consultants Cleantech, un exemplaire papier représente 7,5kg en équivalent carbone pour l’ensemble de sa chaine de production. Toujours selon Cleantech, la production d’un Kindle équivaudrait à 168kg en équivalent carbone.

Mais voilà que d’autres études contredisent ces assertions. Le cabinet Carbone 4 avance ainsi d’autres chiffres : 1kg de CO2 pour la version papier contre plus de 200kg pour une liseuse.De même, s’il faut 26 litres d’eau pour un livre en papier, il en faut 300 pour la production d’une liseuse…

Forêts durablement gérées et papier recyclé : l’édition sur papier se met à la page ?

Pour ce qui est de la production de pâte à papier, principal tort environnemental du livre, les éditeurs prennent conscience de l’intérêt écologique a privilégier l’exploitation durable des forêts.

PEFC ou FSC, ces labels garantissent un papier issu de forêts durablement gérées.

Quant au papier recyclé, les techniques de traitement du papier ne sont pas encore assez performantes pour alléger drastiquement le bilan environnemental du bouquin. Car si une feuille de papier peut être recyclée jusqu’à 5 fois, la transformation de papiers usagés en papiers neufs est la partie la plus énergivore du traitement (collecte, tri sélectif, agglomération de la pâte à papier, désencrage, fabrication du nouveau papier).

Cela dit, les manuels scolaires en France doivent aujourd’hui être imprimés sur du papier recyclé et le tome 6 des aventures de Harry Potter a été le premier imprimé sur du papier labellisé FSC(Forest Stewardship Council).

De part son espérance de vie quasi illimitée en fonction des conditions de préservation de l'objet, le support papier semble bien plus écologique que les livres numériques. Le must de ses avantages écologiques : le livre s'emprunte en bibliothèque. Pour ne citer qu'un désavantage du support numérique : la liseuse, une fois endommagée ou obsolete, ne sera pas réparable, et son recyclage sera très coûteux, ou alors, illégal et très polluant..

Quant au livre numérisé, c’est l’extraction des matières premières qui creuse le gouffre environnemental du support par rapport au papier.

Le plastique qui constitue les liseuses n’est pas recyclé. Les éléments chimiques très toxiques sont utilisés pour les batteries qui fonctionnent au lithium. Le problème est très grave pour la fin de vie du produit, car les possibilités de recyclage de ces produits sont quasi nulles

Le livre numérisé a lui aussi un impact sur les forêts

D’autres composants des tablettes nécessitent l’extraction de minerais précieux permettant d’allonger la durée de vie des batteries, la vitesse de traitement des données ou la miniaturisation des éléments. Et c’est là que le bât blesse : car l’extraction minière est l’une des causes de la déforestation et de la destruction des écosystèmes. Les liseuses ne sont donc pas plus étrangères à la déforestation pour la lecture que la bibliothèque mondiale.

>> Verdict, et épilogue avec l’innovation du côté du format papier : le livre de poche qui tient VRAIMENT dans la poche >>

Le support papier a le plus fort potentiel écologique et durable

Si l’on prend en compte le processus de production, l’espérance de vie du produit (10 ans pour une liseuse) et ses possibilités d’utilisation (un livre peut se prêter, s’emprunter en bibliothèque), mais aussi son traitement en tant que déchet en fin de vie, le livre « classique », en papier, est écologiquement plus performant que le support numérique. La manière la plus durable de lire consiste certainement à fréquenter une bibliothèque municipale et à y emprunter ses livres…

L’intérêt technologique mis en avant par les liseuses et autres tablettes est évident, il répond à un besoin de tout avoir sur soi, dans ses poches si possible. Un seul livre de poche n’a jamais tenu dans une poche, il faut bien le dire. Et bien l’arrivée des supports numériques plats et fins sur le marché a influencé les éditeurs, qui mettent le livre de poche au format… poche.

Le livre de poche qui rentre vraiment dans une poche :

Dernière innovation dans le monde de l’édition papier, qui n’est donc pas en reste par rapport au numérique, le format ultra-poche.

8cm sur 12cm pour un support plus pratique, plus beau, plus tendance tout en étant vraiment pratique et agréable à lire. Le papier est très fin, les pages se tournent à un doigt. Un véritable objet de lecture pour 10 euros. A ne pas minimiser : le sens du marketing des Editions Point2 qui ont choisi de s’aligner avec finesse sur leurs concurrents numériques, c’est le cas de le dire (voir les liens en bas de page).

 

L'ultra-poche pèse 123g, parfait pour emporter avec soi son livre du moment. Photo Editionspoint2

Vincent F.

*

En savoir plus :