60% du parc automobile français sont équipés de moteurs diesels. Cette motorisation concernait en 2012, 72% des nouvelles immatriculations, contre 55% en Europe. Depuis 2008, les bonus écologiques pour les automobiles dégageant moins de CO2 ont boosté les ventes de citadines roulant au gazole.
Les dernières prises de position révèlent des changements en cours ou à venir, risquant de bouleverser le rapport aujourd’hui encore reconnu entre essence et diesel. Alors, à ce jour et pour les prochains, vaut-il mieux rouler en essence ou en diesel ?
La pollution engendrée par les automobiles pourrait bien entrainer de sérieux changements du parc automobile d'ici quelques années...
Le diesel en équilibre précaire sur son piedestal
Le diesel, un nouveau « problème de santé publique »
Récemment, le ministère de l’Energie et de l’Ecologie a déclaré que le diesel constituait un problème de santé publique. Et alors qu’il est pour le moment moins taxé en carburant (43 cts/litre pour le gazole contre 61 cts/litre pour l’essence), la tendance pourrait bien changer, et son atout fiscal disparaitre… la Cour des Comptes réfléchissant à le faire passer au même taux. Le ministre du Redressement Productif, Arnaud Montebourg, annonçait le 7 mars que le gouvernement ne suivrait pas ces recommandations. A suivre…
Depuis le 1er janvier 2011, les voitures diesels sont équipées d’un filtre à particules. Mais les taux de pollution en ville sont bien supérieurs aux normes tolérées par l’Union Européenne.
En 2011, la Commission Européenne a assigné la France devant la Cour de Justice pour manquement aux règles de l’UE en terme de qualité de l’air. L’OMS (Organisation Mondiale de la Santé), avançait en juillet 2012 le chiffre de 42 000 décès dus aux particules fines (sans préciser si elles proviennent de moteurs diesel). En 2012 toujours, le centre international de recherches sur le cancer classait les gaz d’échappement provenant des véhicules diesel comme « cancérogènes certains ».
Evolution des rejets de dioxyde d'azote dans l'atmosphère entre 1990 et 2010
>>La suite page 2 : Vers une augmentation du prix d’achat des véhicules diesel ?>>
Vers une augmentation du prix d’achat des véhicules diesel ?
La Norme Euro 6, ayant trait à la dépollution, exigera des motorisations diesels une limitation des rejets d’oxyde d’azote (NOx) pour les ramener aux niveaux dégagés par l’essence. Ces modifications auront pour répercussions directes une hausse du prix d’achat d’un véhicule diesel, de 300 à 1500€ d’augmentation. La norme Euro 6 entrera en vigueur à la rentrée 2014 puis de manière générale en 2015.
En parallèle, les constructeurs assurent que de nouveaux moteurs essences seront disponibles d’ici 2020, moins gourmands et moins polluants, par la réduction des cylindrées et l’installation de nouveaux moteurs trois cycles.
Prérogative de la norme Euro 5, le filtre à particule est désormais obligatoire sur les véhicules diesel neuf depuis le 1er janvier 2011. Mais il ne filtre pas tout...
Comparatif en quelques points mis à jour :
- prix à la pompe plus avantageux,
- consommation moindre à cylindrée égale,
- prix à l’achat plus élevé (2 à 3 OOO €, amortis en 3 à 5 ans en fonction du kilométrage parcouru)
- à plus de 25 000 km par an, le diesel est avantageux
- cette motorisation supporte mal une solicitation pour de courts trajets urbains uniquement, elle nécessitera plus de frais d’entretien
- l’assurance d’un véhicule diesel est 10 à 15% plus chère que pour un véhicule essence
- mécaniquement, les diesels d’aujourd’hui ne sont pas plus fiables sur la durée que les essences, en partie à cause des nouveaux systèmes d’injection installés depuis 1998
Diesel : à quoi doit-on s’attendre ?
Question relativement ouverte quant on sait la puissance des lobbys et les difficultés à engager le changement. Les grandes lignes se dégageant pour le moment sont que : dans un premier temps, le diesel risque de devenir aussi cher que l’essence, suite à l’application de la norme Euro 6 qui nécessitera des aménagements techniques onéreux sur les véhicules diesel, mais aussi suite à une probable augmentation des taxes sur le carburant…
Si l’avènement su diesel est arrivé dans les années 90, la France est passée par de nombreuses phases depuis . Lors des campagnes de pubs prônant la réduction des émissions de CO2 comme argument principal à l’achat de diesels « propres », le diesel a encore été mis à l’honneur. Pourtant, son talon d’Achille semble être justement ses nouveaux atours : filtres et injecteurs ne fonctionnent efficacement qu’une fois le régime optimal atteint. Alors que la plupart des urbains sont équipés de citadines diesels restent au pire bloquées dans les bouchons, au mieux, utilisent l’auto pour de petits parcours urbains, ces efforts ne payent quasiment pas. Pire, le moteur s’encrasse plus vite dans ces conditions… et la consommation augmente !
Aujourd’hui, les alternatives à la voiture en ville se multiplient, et s’adaptent la plupart du temps aux automobilistes : vélos libre service, transports en commun, co-voiturage… Il vaut mieux se préparer à la transition que de la subir de plein fouet quand elle arrivera.
Nous vous attendons pour débattre sur consoGlobe : peut-on et doit-on interdire le diesel ?
*
En savoir plus :