Consommer Durable

Locavore une semaine, un défi ? Part 4 : café, viande, lait…

Depuis dimanche, j’essaie de ne consommer que des produits locaux et de saison, si possible cultivés ou produits de façon respectueuse de l’environnement et du consommateur.

Mis à part quelques aléas, tels que les courgettes en hiver, qui étaient locales mais bien dopées…, l’addiction au café, très difficile à compenser ici, dans le nord de la France, et la découverte de la Chicorée., je ne m’en sors pas trop mal. Au niveau des fruits et légumes, ayant un marché à deux pas de chez moi, trois fois par semaine, je peux m’organiser, et bénéficier d’une production locale assez riche, en tout cas en découverte et surement aussi en qualités nutritives… Les fruits et légumes de saison ne sont pas trop chers et sont très bons. Voir les paniers du marché dans les billets précédents.

Les difficultés principales : trouver tout ce que l’on souhaite au même endroit. Si les fruits et légumes se trouvent facilement au marché, acheter localement la viande, le café, le pain, le lait, le beurre, mais surtout : quelques épices, l’huile de cuisson ou le café… représentent un tout autre défi.

Pas de café local pour les braves…

Mercredi.

Je passe rapidement et dès le matin par l’épicerie bio du quartier voisin, Envies d’ici. Objectif : trouver du café le plus local possible, afin de reléguer l’ingestion de Chicorée à l’occasionnel… Le goût est vraiment très différent de celui du café, et ça ne me convient pas.

Je trouve un café torréfié dans le Nord, à Marchiennes, de marque Poitau, artisan torréfacteur depuis 1905. Evidemment le café n’est pas produit ici, mais une partie du processus de fabrication est pris en charge à moins de 150km.


Un café torréfié localement, au label Saveurs en'or


3,90€ pour 250g.

Pour les grignotages, j’opte pour les gaufres fourrées artisanales la Vergeoise, une fameuse spécialité du Nord, fabriquées à Erquinghem-Lys.


Les fameuses gaufres à la vergeoise



2,50€ pour 190g, soit 6 gaufres. Bien plus chères qu’un paquet de gateaux acheté dans une grande surface. Mais la composition est rassurante. Il n’y a pas de matières grasses végétales par exemple.

Je me renseigne pour le cas du lait. L’épicier m’indique qu’il travaille avec quelques fermes de la région sur du lait entier. Pas de demi-écrémé, et uniquement sur commande, à 1,90€ le litre. Difficile…

J’aperçois en rayon du sucre Beghin Say, une marque du coin également, tirant son sucre des betteraves, dont les cultures sont nombreuses dans la région. C’est le sucre que j’utilise en général. Sachant très bien que Beghin Say est un gros industriel, je me dis que le défi de manger local est souvent perturbé par un manque d’offres alternatives aux industries. Ou à l’identité même du produit : l’épicerie propose du poivre, du piment de Cayenne, et d’autres épices, simplement parce qu’elles sont conditionnées à proximité. Elles sont très chères aussi : la petite poivrière est à moitié remplie et coûte 2,10e…

Le beurre, lui, est proposé, au lait entier, produit en ferme de proximité, à 2,60e les 250g. Celui que j’achète en grande surface est conditionné à 20km, mais n’est peut être pas produit aussi près. J’appelle, Loyez Woessen, le distributeur, qui me livre une explication toute personnelle et professionnelle, mais néanmoins intéressante : le beurre que je consomme peut provenir de trois origines différentes : France, Irlande ou Hollande. Il est possible d’avoir une traçabilité exacte du produit en leur communicant le code barre et l’endroit où il a été acheté. Pourquoi ne pas utiliser du lait de vache française et même locale ? Mon interlocuteur me répond qu’il s’agit d’une exigence gustative, qu’un beurre français en hiver sera bien moins bon et aura tendance à rancir rapidement, alors qu’un beurre irlandais est bien jaune et à un goût prononcé, ce qui correspondrait plus aux attentes du consommateur français moyen.

Pour le pain, je décide de faire confiance à mon boulanger, qui fait un très bon pain artisanal. Il me dit utiliser une farine qui provient de Troyes, mais sa levure provient de Marcq (à 10km), et son sel, de Bretagne. Il a renoncé à travailler avec des meuniers locaux car il trouve que leur farine n’est pas idéale, ne correspond pas à ses critères de qualité. Il a toute ma confiance. Il m’apprend aussi que des industriels lui proposent des produits à ajouter dans ses préparations, pour par exemple, ne plus avoir de cloques sur les baguettes. Il refuse. Je lui en sais gré.

Prix d’une baguette : 0,90€

La suite page 2 : locavore trois jours, locavore quatre jours ?

Locavore trois jours, locavore quatre jours ?

Viande et fromage locaux :

Ici encore, c’est plus cher qu’en grande surface… A voir si c’est également meilleur. Je passe devant l’étal d’un charcutier qui propose des viandes issues de l’élevage local et biologique, la ferme du beau pays, à Borre (59).

Une cote de porc, 264g, 3,70€. 2 chipolatas, 120g, 1,92€

A la fromagère, je demande ce qu’elle possède comme produits locaux. Un large choix de fromages, Maroilles, Vieux Lille, tomme des Flandres… J’opte pour un quart de Maroilles à 2,25€.  

Petit dej’ :

Pain artisanal, beurre irlandais donc, et confiture maison, 1 pomme, une tasse de chicorée. 4 produits locaux (la farine du pain provient de Troyes, à 270 km de Lille)

Midi :

Entrée : 1 radis noir coupé en rondelles, avec un peu de beurre, pour adoucir le coté piquant de la racine.



Le radis noir a beurre, excellent... local, et pas cher



Plat : reste de pommes de terre et carottes bio et locales de la veille, avec une côte de porc.

Fromage : Maroilles

Dessert : une poire



Côte de porc élevé en ferme locale, pomme de terre et carottes cultivées en terre localement



Verdict pour le déjeuner : A part le beurre, qui provient probablement d’Irlande, et la farine du pain, de Troyes, tous les produits entre dans le régime locavore, étant produits à moins de 160 km du lieu de consommation. A oui, la viande était réellement délicieuse, d’ailleurs tous les produits ont bien plus de goût que ce que j’achète en règle générale dans les grandes surfaces, ou au marché mais sans prêter attention à la provenance…. Au niveau du prix, ce n’est pas une surprise, la viande est plus chère qu’au rayon boucherie du Carrouf du coin : 2 fois plus chère, mais véritablement… 100 fois meilleure !

Soir : repas express, préparé en 15 minutes, avalé en 10 ! Je craignais un peu que ça me prenne trop de temps de repasser par chez moi pour manger locavore, mais finalement… Mission accomplie.

Entrée : salade de navets râpés, achetés au marché

Plat : Chipo/poireaux

J’ai l’impression d’arriver à me composer des plats équilibrés, avec quelques protéines : oeufs de ferme, et une ou deux fois par semaine, comme cela semble convenir, de la viande. Par contre, il y a certains produits irremplaçables : poivre, sel, huile d’olive notamment. Même sur le site de l’AMAP de Lille, les recettes incorporent de l’huile d’olive ou du poivre, pourtant, mis à part un éventuel conditionnement, la production ne peut pas être locale, du à la rigueur du climat (toute relative, mais pas pour des produits comme l’olive ou le poivrier, qui nécessite un climat tropical… je vous garanti que l’on en est loin).

Bon appétit !

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