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Investissement Socialement Responsable : on ne refait pas le monde, mais on y contribue

Le 30/10/09 par cyrill.e

Cet article a été rédigé par J’épargne Utile dans le cadre de la série Mieux s’informer pour épargner durable“.

Sans avoir la prétention de révolutionner le monde, l’ISR s’est donné pour objectif de contribuer à l’améliorer. Quels sont ses arguments aujourd’hui auprès des particuliers ? Après la crise, après les scandales financiers, voici venu le temps des labels ISR, de la transparence et de la communication grand public.

A travers leurs documents officiels ou déclaratifs, les sociétés de gestion véhiculent des informations sur la gestion ISR et le contenu des fonds qu’elles commercialisent. Ainsi, chaque société de gestion se distingue par une « philosophie », un « code éthique », une « signature ». Il est donc possible de trouver des fonds ISR qui excluent certaines valeurs, et d’autres qui préfèrent encourager les meilleures entreprises sans exclure de secteur à priori.

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Best in class ou exclusion ?

Pour la majorité des épargnants particuliers, la méthode de Best in class n’est pas toujours compréhensible. Vous vous demandez pourquoi, par exemple, une entreprise comme Total, dont les scandales environnementaux ont fait la une des journaux, fait partie d’un fonds dit « éthique » ? C’est parce que certains gérants préfèrent compter ce titre (performant au niveau financier, le pétrole n’a pas dit son dernier mot…) et l’encourager ainsi à s’améliorer. Il faut dire aussi que dans le secteur pétrolier, Total fait mieux que ses petits copains, et se distingue notamment par ses investissements colossaux dans les énergies de l’après-pétrole. En effet, si le groupe français, quatrième pétrolier mondial, a réalisé en 2008 un résultat net de 13,9 milliards d’euros, il a aussi annoncé qu’il voulait investir 18 milliards de dollars en 2009 dans les énergies renouvelables. Qui d’autre pourrait en faire autant ?

Où trouver des informations sur la valeur ajoutée de vos placements ?

Si les informations financières vous aident à faire votre choix en fonction de la rentabilité attendue de votre placement (combien rapporte un fonds ISR sur 1 an, 3 ans, 5 ans ? Est-il un placement risqué, et quelles ont été ses performances dans le passé ?), ces informations figurent sur tous les reportings de fonds, éthiques ou non.

Mais comment savoir si un fonds ISR est cohérent avec vos valeurs ? Si les entreprises comprises dans le portefeuille sont vraiment respectueuses d’un développement durable ? Prenez le code de transparence de la société de gestion, visitez leur site internet, allez voir la biographie des gérants. C’est là que se situe toute la valeur ajoutée du placement, en termes d’entreprises choisies pour leur comportement responsable, de création d’emploi, d’exclusion de secteurs tels que le tabac, l’armement…

Allianz Valeurs durables a par exemple choisi une démarche de sélection positive afin d’encourager les bonnes pratiques plutôt que d’encourir un risque financier lié à l’exclusion de valeurs. Structure historique sur le marché de l’ISR, et fruit de la récente fusion entre les deux sociétés, UFG-Sarasin AM propose une gestion basée sur un processus d’analyse fortement structuré (Matrice Sarasin®) adapté au marché français, le Référentiel France. De son coté, la société Dexia Asset Management préfère mettre en avant le travail de toute son équipe de gestion ISR plutôt qu’un seul gérant par fonds. Fruit de ce travail collaboratif, Dexia AM a obtenu le plus grand nombre de fonds labellisés Novethic avec 22 produits d’investissement labellisés en 2009.

Quelles sociétés de gestion faut-il privilégier pour ses placements ?

Une soixantaine de sociétés de gestions se partagent le marché de l’ISR en France. Les plus gros encours sont gérés par une liste de tête composée de Allianz Global Investors France, BNP Paribas Investment Partners, Crédit Agricole Asset Management Group (CAAM, IDEAM et CPR AM), Dexia Asset Management et Natixis Asset Management, et la Société Générale Asset Management. Chaque membre de ce « club des six » gère plus d’1,5 milliards d’euros pour des clients français (source : Novethic).

Cependant, si certaines sociétés de gestion ont une culture ancienne de gestion éthique, les gérants disposent de plus d’informations ESG aujourd’hui qu’avant. On assiste donc véritablement à une prise en compte de l’environnement global de l’entreprise dans sa valorisation boursière.

Désormais, lorsque vous choisirez le ou les fonds ISR dans lesquels placer votre épargne, vous n’oublierez pas de vous renseigner sur les gens qui sont derrière ces investissements…et qui partagent certainement vos valeurs.

Article rédigé par : J'Epargne Utile

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  1. epargnacteur dit :

    @Cyrille: Effectivement, une erreur s’est glissée dans le texte, il fallait lire plutot 1,8 milliard de dollars dans les énergies renouvelables, d’ici 2020 (c’est en fait un investissement de près de 2 milliards que les chiffres du document officiel indiquent).

    Vous soulignez aussi le paradoxe d’avoir Total dans son portefeuille ISR…mais c’est justement en cela que la méthode Best in Class se définit. C’est à dire que les gestionnaires n’excluent pas à priori de secteur d’investissement, en tout cas pas pétrolier, pour ne pas se priver d’avoir des titres performants financièrement dans leur fonds.

    Cependant ils privilégient les entreprises qui, dans leur catégorie, font plus d’efforts en termes de développement durable. C’est pourquoi Total est préféré à d’autres pétroliers qui ne font pas autant d’investissements dans les énergies renouvelables.

    Les fonds qui incluent Total dans leur portefeuille espèrent également inciter les moins bons à s’améliorer dans ce secteur. On peut imaginer que Total favorise le développement des énergies renouvelables par intéret stratégique pour l’avenir, et non par passion de l’environnement. Le résultat ne mérite t-il pas de se poser la question ? Cela dépend de chacun, car l’éthique est avant tout une question philosophique..

    Pour les épargnants qui ne souhaitent absolument pas avoir de pétrolier dans leur placement, ils pourront toujours privilégier les fonds d’exclusion ou les fonds thématiques « environnement ». Leurs convictions seront alors respectées.

  2. cyrille dit :

    @Julien,

    Vous qui travaillez dans le domaine de la responsabilité sociale de l’entreprise et du développement durable, pensez-vous que les entreprises soient vraiment intéressées par le critère social du développement durable ?

    La mondialisation de plus en plus importante ne les empêchent-elles pas de tenir compte de ce critère ?

    Sauf si l’on est sur un marché de niche, comment une entreprise peut-elle lutter contre la concurrence sans essayer de diminuer les coûts notamment en minimisant les avantages sociaux et les salaires et en maximisant la productivité avec des méthodes qui ne vont pas forcément dans le sens de l’épanouissement de l’être humain à travers son travail (tâches répétitives…) ?

    Avez-vous des exemples de bonnes pratiques ou d’actions exemplaires qui ont été mises en place ?

    Pour consulter la réponse de Julien, cliquer sur le lien ci-après : Pourquoi les entreprises doivent tenir compte de la dimension sociale du développement durable ?

  3. cyrille dit :
    • Total

    Concernant Total, êtes vous certain du chiffre des 18 milliards de $ d’investissements en 2009 dans les énergies renouvelables ?

    Selon une présentation aux investisseurs diffusée à Londres en septembre 2009, présentation disponible sur le site du pétrolier, il semblerait que le montant des investissements dans les énergies alternatives est bien plus faible. Il est d’autant plus faible qu’il comprend aussi les investissements réalisés dans des énergies alternatives non renouvelables…. comme le nucléaire.

    Vous soulignez dans votre article que les gérants de fond ISR recherche avec Total un rendement financier intéressant. Sachant que le chiffre d’affaire de Total dans les énergies renouvelables demeure marginal, est-ce que cela ne signifie pas que les fonds isr qui possèdent une ligne d’actions Total sont avant tout intéressés par le gain financier et que les autres critères (environnement…) sont secondaires ?

    • Les sociétés de gestion ISR

    Vous citez plusieurs sociétés de gestion « Allianz Global Investors France, BNP Paribas Investment Partners, Crédit Agricole Asset Management Group (CAAM, IDEAM et CPR AM), Dexia Asset Management et Natixis Asset Management, et la Société Générale Asset Management ».

    Certaines de ces structures n’ont-elles pas réalisé des placements hasardeux ou à risques et contribué à la crise financière actuelle ?

    Ne faudrait-il pas mieux privilégier une petite structure comme la financière de Champlain ?

  4. Julien dit :

    Intéressant, je suis justement en train de travailler sur le sujet. En Suisse, les ISR se déclinent en trois véhicules d’investissements : les fonds mutuels (ou publics), les mandats (ou fonds spéciaux) et les produits structurés. A fin 2007, les fonds mutuels se taillaient la plus grande part du gâteau avec 11.6 milliards d’euros (55%) contre 8.6 milliards d’euros pour les mandats (41%), les produits structurés pesant quant à eux 718 millions d’euros (3%).
    Deux sites intéressants à consulter sur le sujet en Suisse: la Banque Alternative Suisse « http://bit.ly/2Fh2JY » et Active Niche Funds « http://bit.ly/qE9h1 »

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